Elisabeth Pascaud – France Bénévolat - Partenaire Associathèque

La crise, avec son lot de contraintes et les nouveaux besoins qu’elle suscite, est source de bouleversement dans l’accueil et l’intégration des bénévoles, un bouleversement qui peut être bénéfique, mais peut aussi avoir des effets pervers si on n’y prend pas garde.

Avec la mise au chômage partiel, le télétravail, les « amphi virtuels », les jeunes et surtout les actifs, interpellés par les difficultés auxquelles la crise confronte leurs concitoyens, sont nombreux à proposer leurs services aux associations.

Dans le même temps, les bénévoles les plus expérimentés, les plus réguliers, généralement plus âgés, souvent en retrait, sont peu disponibles pour accompagner ces « nouveaux » … qui prennent leur relai en ce temps de crise.

Dans ces conditions, les associations doivent revoir leur processus d’accueil et d’intégration des nouveaux bénévoles :

  • accélération du processus pour faire face à l’urgence des besoins et à la disponibilité immédiate des bénévoles,
  • recours au « virtuel » pour l’entretien préalable, puis d’accueil...
  • réalisation de cet entretien au plus près de l’opérationnel,
  • processus de formation réduit à l’essentiel et virtuel,
  • mise en situation presqu’immédiate,
  • etc.

Tout ceci est très positif, voire incontournable, à court terme. Il y a sans doute même de quoi s’inspirer de ces mesures qui évitent parfois une longue attente à des bénévoles potentiels qui peuvent se décourager.

En revanche, si on n’y prend pas garde, il peut y avoir des dérives risquées :

  • imprégnation insuffisante par les valeurs de l’association qui pourrait conduire à des pratiques bénévoles contraires au projet associatif, notamment dans le cas de publics fragiles,
  • déficit du sentiment d’appartenance à l’association, avec un peu les mêmes conséquences,
  • action limitée à l’urgence, oubliant que la solidarité et le lien social se construisent dans la durée,
  • renforcement de l’évolution actuelle vers un bénévolat ponctuel plutôt que régulier, ce qui met les associations au défi pour inscrire leur action dans la durée indispensable.

Il en résulte quelques recommandations à prendre en compte dans ces processus d’accueil et d’intégration :

  • donner une place suffisante au partage des valeurs portées par le projet associatif,
  • revenir sans cesse à la dimension temporelle nécessaire pour être utiles,
  • peut-être formaliser les étapes de ce processus, pour éviter d’en « oublier » dans l’urgence, en se laissant gagner par une certaine lassitude,
  • organiser des temps de réflexion commune appuyés sur le numérique. Certaines associations peuvent témoigner du succès d’un séminaire bien préparé et ouvert à tous, qui a renforcé la dimension du « faire ensemble » indispensable à l’engagement bénévole associatif.