Pas de véritable crise du bénévolat

La dernière édition, en 2025, du Baromètre du bénévolat de, de France Bénévolat, réalisée en partenariat avec le Crédit Mutuel, montre que 12 millions de personnes, soit 21 % de la population des 15 ans et plus participe à une activité bénévole au sein d’une association, soit un niveau inférieur à ce qu’il était avant la pandémie. Une tendance inquiétante se confirme: la diminution notable du bénévolat associatif pour les plus de 65 ans, des générations clés pour le secteur associatif, dont le taux d’engagement chute à 24 % en 2025, contre 38 % en 2010. Par ailleurs, la progression du bénévolat chez les 15-34 ans se confirme, avec une augmentation à 23 % du taux d’engagement bénévole associatif pour cette classe d’âge contre 16 % en 2010.

Une autre donnée intéressante concerne les non-bénévoles qui sont plus de 25 millions disposés à ne pas exclure de s’engager dans le bénévolat, ce qui constitue un vivier potentiel important pour le secteur associatif. Ils pourraient s’engager en faveur des associations si les missions qui leur étaient proposées s’adaptaient à leurs contraintes et à leur mode de vie (souplesse, missions courtes, engagements limités dans le temps).

Ce qui conduit certains à parler de crise, c’est une transformation profonde du bénévolat, avec des bénévoles plus jeunes, plus exigeants, à la recherche de sens, désireux de voir l’utilité concrète et immédiatement visible de leur action, de plus en plus réticents à s’engager régulièrement et dans la durée...

Viviane Tchernonog, dans la dernière livraison de son étude sur le « Paysage associatif français » publiée en 2023, relève que, malgré un contexte qui a rendu difficile la mesure des indicateurs de bénévolat du fait de la discontinuité de l’activité de nombreuses associations, le nombre de participations bénévoles a pu être estimé à 22,6 millions pour l’année 2020. Les secteurs sportif, culturel et de loisirs représentent ensemble plus de 60 % des participations bénévoles.

L’Insee, en 2018, comptait 21 millions de « participations bénévoles », dont 13 % dans les associations employeuses, étant précisé qu’un même bénévole peut participer à l’activité de plusieurs associations.
« 1,3 millions d’associations : des hôpitaux et Ehpad aux associations de parents d’élèves et aux clubs de gym », Insee Première, n° 1857, mai 2021

Des chiffres qui diffèrent d’une enquête à l’autre selon le champ de l’enquête (« organisations ou associations, pour « les autres ou pour une cause », ou y compris pour la défense d’intérêts particuliers...), pratique du bénévolat « maintenant » ou « dans les 12 derniers mois », et selon la méthode : enquête auprès des associations ou auprès des individus, déclaration spontanée ou relance par un enquêteur ou à l’aide de questions très détaillées...

Le baromètre France Bénévolat / IFOP / Crédit Mutuel est réalisé exactement sous la même forme de 2010 à 2025, permettant un suivi homogène. Il pose toujours la même question : « Vous arrive-t-il de donner du temps gratuitement pour les autres ou pour contribuer à une cause, en dehors de l’aide apportée au sein de votre famille (ascendants, enfants, petits-enfants...) ? ». puis « Dans une ou plusieurs association(s) » ou « Au sein d’une autre organisation politique, religieuse, syndicale, municipale... » ou « Auprès d’une ou plusieurs personnes, en dehors du cadre familial, comme par exemple dans votre voisinage » ¸Ce qui différencie le bénévolat associatif du bénévolat dans d’autres organisations ou de manière informelle. Cela exclut également les « aidants » s’il s’agit d’aidants familiaux, ce qui n’est pas forcément le cas dans toutes les enquêtes.

Cette zone de flou des chiffres s’explique par les différences de méthode, mais aussi, et surtout, par le fait que la loi ne donne pas de définition du « bénévole » ou du « bénévolat ».

La définition la plus largement admise du bénévolat est celle que donne le conseil économique, social et environnemental (CESE), définition de juin 1989 mise à jour en juin 2022 : « Le bénévolat est l'action de la personne qui s'engage librement, sur son temps personnel, pour mener une action non rémunérée en direction d'autrui ou au bénéfice d'une cause ou d'un intérêt collectif ». C’est sur cette définition que France Bénévolat a fondé le questionnaire de son baromètre.

Le bénévolat est un choix libre et volontaire, expression forte, de la liberté d’association et le bénévole lui-même, ne se déclare pas toujours comme tel, selon les circonstances, la façon dont il est interrogé... et l’idée qu’il se fait du bénévolat, de l’engagement...

Un véritable enjeu pour les associations

Qu’ils soient réguliers ou occasionnels, toutes les associations et surtout celles d’intérêt général, ont besoin de bénévoles. Sans bénévole, comment revivifier un conseil d’administration ? Comment témoigner que la société elle-même se préoccupe de la cause défendue ? Comment disposer des compétences nécessaires à la mise en œuvre de certains projets ? Comment assurer des opérations de relation publique ? Comment organiser des collectes de fonds ? Comment encadrer une manifestation sportive ou culturelle ? Enfin, comment mener à bien un projet associatif sans avoir les moyens financiers d’engager du personnel salarié ?

Le bénévolat est, pour toutes ces raisons, un véritable enjeu stratégique pour le secteur associatif, y compris et peut-être même surtout en période de crise.

Si l’engagement bénévole en volume n’a pas connu de crise ces dernières années, il est en revanche en mutation : reflet de la société et de ses évolutions, il est influencé par l’ère nouvelle de la communication et de la consommation, par le recul des anciennes institutions structurant l’engagement collectif (partis politiques, syndicats, églises...), par le vieillissement de la population, etc.

C’est ainsi, par exemple, que les associations rencontrent des soucis d’adéquation entre le souhait de s’engager et le besoin de professionnalisation des activités (la « bonne volonté » ne suffit plus) ou bien de continuité de leur action, dont la réussite exige souvent un temps long, alors que les bénévoles passent de plus en plus vite d’une association à une autre.

Dans le même ordre d’idées, et il s’agit là assurément d’une préoccupation et d’un défi pour le monde associatif, si les bénévoles restent nombreux, ils sont en même temps moins assidus. En effet, les bénévoles qui interviennent de façon régulière au sein d’une association, c’est-à-dire un jour au plus par semaine, ne sont plus que 1 million et demi en 2025 (soit 14 % des bénévoles ; source : France Bénévolat. Baromètre France Bénévolat 2025, mars 2025). Il faut donc les motiver sans cesse, sous peine de les perdre !

De façon générale, les pouvoirs publics et les principales instances de réflexion sur le bénévolat (fédérations, associations pour le développement du bénévolat...) souhaitent son évolution notamment vers davantage de « professionnalisation » des bénévoles, tout en cherchant à ouvrir le bénévolat associatif à tous (jeunes, personnes en difficulté d’insertion professionnelle ou sociale). Cependant, il est important que le souhait légitime de développer des activités de qualité ne décourage pas, par excès de formalisme interne ou en raison d’une réglementation juridique tatillonne, les initiatives et les engagements individuels : l’envie de se retrouver ensemble pour mener une action commune désintéressée, de s’engager comme citoyen ou encore d’assouvir sa passion (culturelle, sportive, etc.), doit demeurer au cœur du projet associatif et de la motivation des bénévoles. Le bénévolat est un atout ; il ne doit pas devenir une contrainte.

Si le bénévolat est la clef de voûte de la liberté d’association, comme toute liberté celle-ci est encadrée. Dans ce guide, vous trouverez une aide pour connaître votre rôle et votre place dans votre association. Il vous accompagne dans la compréhension, puis dans l’application directe au sein de votre association des réglementations spécifiques à chaque « type » de bénévolat et des démarches administratives à effectuer. Il traite également des risques encourus par les bénévoles et par l’association pour laquelle ils interviennent, des règles comptables et fiscales applicables au bénévolat, ou encore de la formation des bénévoles...