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Le secteur associatif : un poids important dans l’économie et dans la société

Le secteur associatif compte 1 370 000 associations en activité dont la grande majorité (89 %) s’appuient uniquement sur le travail bénévole pour mettre en place leur projet. 65 % des associations sont actives dans les domaines sportif, culturel et de loisirs et 13 % dans le secteur de la défense des droits et des causes ; les associations du secteur humanitaire, social, santé sont - relativement - moins nombreuses (12 %). Les secteurs d’activité diffèrent cependant selon que l’association s’appuie ou non sur l’emploi de professionnels salariés : les associations des secteurs humanitaire, social, santé représentent ainsi 1 association employeuse sur 5 et celui des loisirs 1 association sans salarié sur 5.

Le budget cumulé du secteur associatif, qui s’est établi en 2020 à hauteur de 113 Milliards d’€, est largement concentré dans les associations employeuses, qui réalisent 92,5 % du budget cumulé total et dans le secteur humanitaire, sanitaire et social (58 %).

Le poids de l’emploi salarié associatif dans l’économie, s’il a cessé de croître, demeure important : les associations comptent en effet 1 850 000 emplois salariés ; le volume horaire de travail salarié associatif représente 9 % du volume horaire total de l’emploi privé en France.

Par ailleurs, 60 % des 22,6 millions de participations bénévoles estimées en 2020 sont concentrés dans les activités sportives, culturelles et de loisirs.

Enfin, 56 % des associations sans salarié et 62 % des associations employeuses ont subi en 2020 des interruptions d’activité totales ou partielles, souvent longues, résultant principalement des interdictions d’activité ou consécutives aux difficultés rencontrées dans l’application des consignes liées à la crise sanitaire. Elles ont eu un impact parfois important sur le volume et la nature des ressources, sur l’emploi salarié et sur la participation bénévole.

Répartition du nombre d’associations selon le secteur d’activité et l’existence d’emploi salarié dans l’association

Impact de la crise sanitaire sur les ressources

Les associations vivent majoritairement de financements liés à leur activité ; les recettes d’activité peuvent avoir une origine privée – il s’agit pour l’essentiel de ventes aux usagers - ou publique, résultant principalement de ventes de prestations aux collectivités publiques et de participations aux prix de journée. Les recettes d’activité représentent ensemble en 2020 65 % des ressources des associations. Les subventions publiques soutiennent les budgets associatifs à hauteur de 20 %. Les cotisations, qui constituent la ressource la plus fréquente mais surtout la plus importante des associations sportives, culturelles et de loisirs alimentent les budgets associatifs à hauteur de 7 % du financement total. Les dons et le mécénat ne représentent qu’une part limitée des ressources (5 %), ils sont cependant très importants pour les associations qui en bénéficient, notamment les associations humanitaires et dans une moindre mesure les associations de défense des droits et des causes.

Évolution de la structure des ressources de 2017 à 2020

Les interruptions d’activité résultant de la crise sanitaire ont impacté la nature et l’origine des ressources des associations en 2020 et infléchi les tendances d’évolution observées sur une longue période. Et en premier lieu la tendance croissante des associations à tirer leurs ressources des recettes d’activité : leur part dans les budgets était en effet croissante depuis au moins deux décennies, sous l’effet d’un double processus de croissance de la part des ventes aux usagers et de transformation des subventions publiques en commandes publiques. Les recettes d’activité sont restées stables en 2020 : elles se situent en effet à un niveau proche (65 %) de celui observé en 2017 (66 %), date de la précédente édition de l’enquête Paysage associatif. La baisse importante des ventes aux usagers en 2020, consécutive aux interruptions d’activité, a été compensée par une augmentation des commandes publiques résultant du surcroît d’activité des associations des secteurs humanitaire, d’action sociale et de santé dont les ressources sont composées pour une large part de commandes publiques.

La part des subventions publiques, en baisse régulière et importante sur le long terme, est restée en 2020 à son niveau relatif de 2017 (20 %). Les collectivités publiques ont en effet fréquemment été amenées à maintenir leurs subventions aux associations malgré les interruptions d’activité afin de prévenir des dissolutions d’associations.

La crise a eu un impact sur l’origine des ressources. La forte croissance des ventes aux usagers avait eu pour effet sur le long terme d’augmenter la part relative des financements privés (cotisations, dons, ventes aux usagers) dans les budgets associatifs, au point que ceux-ci étaient devenus largement majoritaires dans les budgets (55,5 %). Ils n’en représentent plus que 47,5 % en 2020, le financement public redevenant majoritaire (52,5 %) dans le financement total du secteur associatif.

Un impact de la crise amorti par les dispositifs de soutien public et par le recours au télétravail

Le budget cumulé du secteur associatif en 2020, première année de la pandémie, enregistre une baisse de 3,4 % comparativement à l’année précédant la crise sanitaire. L’année 2021 marque en revanche un rebond de ce budget à 124 Mds d’euros, en croissance de 9,2 % comparativement à l’année 2020.

Évolution du budget cumulé des associations de 2013 à 2021, en milliards d’euros courants

Le volume de l’emploi salarié et par voie de conséquence celui du budget cumulé des associations a été, comparativement au reste du secteur privé, faiblement impacté par la crise sanitaire. 7 % des associations employeuses indiquent avoir dû procéder à des suppressions d’emploi.

Cette résistance de l’emploi salarié a plusieurs explications parmi lesquelles le rôle des dispositifs de soutien public fortement mobilisés par les associations et le recours au télétravail pour les salariés, pratiqué par 69 % des associations employeuses.

35 % des associations employeuses ont en outre dû puiser dans leurs réserves pour traverser la crise.

Impact de la crise sanitaire sur la participation bénévole

22,6 millions de participations bénévoles

Malgré un contexte qui a rendu difficile la mesure des indicateurs de bénévolat du fait de la discontinuité de l’activité de nombreuses associations, le nombre de participations bénévoles a pu être estimé à 22,6 millions pour l’année 2020. Les secteurs sportif, culturel et de loisirs représentent ensemble plus de 60 % des participations bénévoles.

Répartition des participations bénévoles selon le secteur d’activité

45 % des associations concernées par des retraits de bénévoles

Les retraits de bénévoles consécutifs à la crise sanitaire résultent des interdictions d’activité des associations et des mesures de précaution qu’elles ont pu prendre, ou bien relèvent de décisions individuelles prises par les bénévoles eux-mêmes. Les retraits de bénévoles ont touché au total près de 622 000 associations, soit 45 % d’entre elles.

10 % des participations bénévoles définitivement perdues

Les mises en retrait de bénévoles ont concerné au total 6 millions de participations bénévoles, soit près du quart de celles-ci pour l’année 2020. Près de deux ans après le début de la crise sanitaire, les mises en retrait de bénévoles n’ont pas toutes donné lieu à une reprise d’activité, entraînant des pertes de bénévoles dans les associations estimées à 2 300 000 participations bénévoles, soit 10 % du nombre total des participations déclarées par les associations en 2020.

Les dirigeants bénévoles entre féminisation et vieillissement

homme équipe

Si les femmes connaissent une participation croissante

et continue dans les instances dirigeantes des associations, leur présence reste toujours largement inférieure (38 %) à celle des hommes (62 %) dans les présidences associatives.

Part des femmes dans les instances dirigeantes des associations

Présidentes Trésorières Secrétaires Ensemble
2005 31 % 42 % 57 % 39 %
2011 34 % 47 % 60 % 46 %
2017 36 % 50 % 63 % 50 %
2021 38 % 49 % 64 % 50 %

Le vieillissement des dirigeants associatifs se poursuit

En effet, 47 % des présidents d’associations ont plus de 65 ans en 2020 contre 41 % en 2017, et leur part relative est en hausse constante. Celle-ci est due pour partie à l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses d’après-guerre. Toutes les autres tranches d’âge voient en outre leur poids relatif baisser.

Évolution de la structure par âge des présidents d’associations

Évolution de la structure par âge des présidents d’associations

Les catégories sociales moyennes et supérieures sont toujours largement représentées

dans les fonctions de présidents d’associations. Les cadres moyens et supérieurs constituent 48 % des présidences associatives tandis que les employés et les ouvriers, qui sont déjà largement sous-représentés comparativement à leur poids dans la population totale, voient leur part baisser dans les présidences associatives. Les ouvriers apparaissent particulièrement en retrait avec seulement 4 % des présidences associatives en 2021 alors qu’ils composent 19 % de la population totale.

En termes d’indicateurs de poids économique - budget cumulé, emploi salarié - le secteur associatif se situe à un niveau assez proche de celui observé en 2017. Mais si la crise sanitaire n’a eu qu’un impact relativement faible sur le poids du secteur, elle a par contre modifié de façon notable la nature et l’origine des financements des associations et infléchi les tendances d’évolution du secteur observées sur le long terme. L’avenir dira si ces transformations sont seulement passagères ou si, et dans quelles mesures, ces modifications ont impacté durablement le secteur associatif.

1  Source des données présentées : Lionel Prouteau et Viviane Tchernonog, avec la collaboration de Laura Nirello et Muriel Tabariés. Le paysage associatif français – Mesures et évolutions - Éditions Dalloz Lefebvre, août 2023, 389 p.

Auteur

Viviane Tchernonog, chercheuse auCentre d’Économiede la Sorbonne