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Pas de véritable crise du bénévolat
La dernière édition, en 2022, du Baromètre du bénévolat de, de France Bénévolat, réalisée en partenariat avec le Crédit Mutuel (« L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010à 2022 »), montre que 19 millions de personnes, soit 36 % de la population des 15 ans et plus « donnent du temps gratuitement pour les autres ou pour contribuer à une cause », « maintenant », dont 11 millions dans une association, 2 millions seulement dans une autre organisation (syndicale, politique ou religieuse), 6 millions dans un bénévolat direct de proximité hors famille ou structure associative.
Selon cette même étude, le bénévolat en association est passé de 23 % des Français en 2010, à 25 % en 2013 et 2016, puis a fléchi légèrement, à 24 % en 2019 et connu une baisse significative en 2022 (janvier). Cette baisse du bénévolat associatif est plus que compensée, chez les générations de moins de 50 ans, par une hausse du bénévolat direct.
Tandis que chez les plus de 50 ans, tous les types de bénévolat sont en diminution, largement du fait des arrêts d’activité dues à la pandémie, arrêts dont certains n’ont été que le temps de la pandémie et des restrictions sanitaires.
Les enquêtes ponctuelles réalisées par Recherches et Solidarités en 2023 et 2024, montrent une certaine remontée du bénévolat associatif dans toutes les générations mais confirment les tendances lourdes de baisse du bénévolat chez les plus âgés et de progression chez les plus jeunes.
Ce qui conduit certains à parler de crise, c’est une transformation profonde du bénévolat, avec des bénévoles plus jeunes, plus exigeants, à la recherche de sens, désireux de voir l’utilité concrète et immédiatement visible de leur action, de plus en plus réticents à s’engager régulièrement et dans la durée...
Si 68 % des bénévoles associatifs se déclarent « réguliers » en 2022, ils étaient 80 % en 2010 !
Viviane Tchernonog, dans la dernière livraison de son étude sur le « Paysage associatif français » publiée en 2023, relève que, malgré un contexte qui a rendu difficile la mesure des indicateurs de bénévolat du fait de la discontinuité de l’activité de nombreuses associations, le nombre de participations bénévoles a pu être estimé à 22,6 millions pour l’année 2020. Les secteurs sportif, culturel et de loisirs représentent ensemble plus de 60 % des participations bénévoles.
L’Insee, en 2018, comptait 21 millionsmillions de « participations bénévoles », dont 13 % dans les associations employeuses, étant précisé qu’un même bénévole peut participer à l’activité de plusieurs associations.
« 1,3 millions d’associations : des hôpitaux et Ehpad aux associations de parents d’élèves et aux clubs de gym », Insee Première, n° 1857, mai 2021
Des chiffres qui diffèrent d’une enquête à l’autre selon le champ de l’enquête (« organisations ou associations, pour « les autres ou pour une cause », ou y compris pour la défense d’intérêts particuliers...), pratique du bénévolat « maintenant » ou « dans les 12 derniers mois », et selon la méthode : enquête auprès des associations ou auprès des individus, déclaration spontanée ou relance par un enquêteur ou à l’aide de questions très détaillées...
Le baromètre France Bénévolat / IFOP / Crédit Mutuel est réalisé exactement sous la même forme de 2010 à 2022, permettant un suivi homogène.
Cette zone de flou des chiffres s’explique par les différences de méthode, mais aussi, et surtout, par le fait que la loi ne donne pas de définition du « bénévole » ou du « bénévolat ».
La définition la plus largement admise du bénévolat est celle que donne le conseil économique, social et environnemental (CESE), définition de juin 1989 mise à jour en juin 2022 : « Le bénévolat est l'action de la personne qui s'engage librement, sur son temps personnel, pour mener une action non rémunérée en direction d'autrui ou au bénéfice d'une cause ou d'un intérêt collectif ». C’est sur cette définition que France Bénévolat a fondé le questionnaire de son baromètre.
Le bénévolat est un choix libre et volontaire, expression forte, de la liberté d’association et le bénévole lui-même, ne se déclare pas toujours comme tel, selon les circonstances, la façon dont il est interrogé... et l’idée qu’il se fait du bénévolat, de l’engagement...
Un véritable enjeu pour les associations
Qu’ils soient réguliers ou occasionnels, toutes les associations et surtout celles d’intérêt général, ont besoin de bénévoles. Sans bénévole, comment revivifier un conseil d’administration ? Comment témoigner que la société elle-même se préoccupe de la cause défendue ? Comment disposer des compétences nécessaires à la mise en œuvre de certains projets ? Comment assurer des opérations de relation publique ? Comment organiser des collectes de fonds ? Comment encadrer une manifestation sportive ou culturelle ? Enfin, comment mener à bien un projet associatif sans avoir les moyens financiers d’engager du personnel salarié ?
Le bénévolat est, pour toutes ces raisons, un véritable enjeu stratégique pour le secteur associatif, y compris et peut-être même surtout en période de crise.
Si l’engagement bénévole en volume n’a pas connu de crise ces dernières années, il est en revanche en mutation : reflet de la société et de ses évolutions, il est influencé par l’ère nouvelle de la communication et de la consommation, par le recul des anciennes institutions structurant l’engagement collectif (partis politiques, syndicats, églises...), par le vieillissement de la population, etc.
C’est ainsi, par exemple, que les associations rencontrent des soucis d’adéquation entre le souhait de s’engager et le besoin de professionnalisation des activités (la « bonne volonté » ne suffit plus) ou bien de continuité de leur action, dont la réussite exige souvent un temps long, alors que les bénévoles passent de plus en plus vite d’une association à une autre.
Dans le même ordre d’idées, et il s’agit là assurément d’une préoccupation et d’un défi pour le monde associatif, si les bénévoles restent nombreux, ils sont en même temps moins assidus. En effet, les bénévoles qui interviennent de façon régulière au sein d’une association, c’est-à-dire un jour au plus par semaine, ne sont plus que 1 million et demi en 2022 (soit 14 % des bénévoles ; source : France Bénévolat, « L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à 2022 », mars 2022). Il faut donc les motiver sans cesse, sous peine de les perdre !
De façon générale, les pouvoirs publics et les principales instances de réflexion sur le bénévolat (fédérations, associations pour le développement du bénévolat...) souhaitent son évolution notamment vers davantage de « professionnalisation » des bénévoles, tout en cherchant à ouvrir le bénévolat associatif à tous (jeunes, personnes en difficulté d’insertion professionnelle ou sociale). Cependant, il est important que le souhait légitime de développer des activités de qualité ne décourage pas, par excès de formalisme interne ou en raison d’une réglementation juridique tatillonne, les initiatives et les engagements individuels : l’envie de se retrouver ensemble pour mener une action commune désintéressée, de s’engager comme citoyen ou encore d’assouvir sa passion (culturelle, sportive, etc.), doit demeurer au cœur du projet associatif et de la motivation des bénévoles. Le bénévolat est un atout ; il ne doit pas devenir une contrainte.
Si le bénévolat est la clef de voûte de la liberté d’association, comme toute liberté celle-ci est encadrée. Dans ce guide, vous trouverez une aide pour connaître votre rôle et votre place dans votre association. Il vous accompagne dans la compréhension, puis dans l’application directe au sein de votre association des réglementations spécifiques à chaque « type » de bénévolat et des démarches administratives à effectuer. Il traite également des risques encourus par les bénévoles et par l’association pour laquelle ils interviennent, des règles comptables et fiscales applicables au bénévolat, ou encore de la formation des bénévoles...