Retrouvez dans ce document les principaux résultats de l’analyse de l’emploi salarié associatif effectuée depuis 10 ans et l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi des associations.

Cette analyse est issue de l’ouvrage Le Paysage associatif français et est réalisée grâce à l’exploitation des déclarations annuelles de données sociales (DADS) et des bases tous salariés construits à partir des déclarations sociales nominatives (DSN).

Au cours des dernières décennies du XXe siècle, le dynamisme de l’emploi associatif s’est manifesté par une augmentation de son poids aussi bien dans l’emploi total que dans l’emploi privé. Les années 2010-2019 semblent avoir marqué un infléchissement dans cette tendance.

Un poids de l’emploi associatif orienté a la baisse en fin de décénnie

Le poids de l’emploi associatif dans l’emploi total en 2019 est identique à celui de 2010 : 7,2 % si l’on considère le nombre d’emplois, 6,5 % pour le volume horaire rémunéré. Rapporté au seul emploi privé, l’emploi associatif voit sa part diminuer, passant de 9,7 % en 2010 à 9,2 % en 2019 pour le nombre d’emplois et de 9 % à 8,6 % pour le volume horaire.

Si l’examen est circonscrit au tertiaire privé (les services) dans lequel l’écrasante majorité de l’emploi associatif est concentrée, une baisse similaire du poids de ce dernier est également observée : pour le nombre d’emplois la part diminue de 13 % à 12 % et pour son volume horaire de 12,7 % à 11,8 %.

La croissance tendancielle de la part de l’emploi associatif paraît donc s’être interrompue. Ce constat ne signifie pas que l’emploi associatif a diminué. Mais son rythme de progression ne l’emporte plus sur celui de l’emploi privé hors associations. Un examen plus détaillé montre que ce léger recul du poids de l’emploi associatif dans l’emploi privé ne se manifeste qu’à la fin de la période étudiée et plus précisément à partir de 2017. De 2010 à cette dernière date, ce poids est stable, voire en légère progression.

À quoi attribuer cette inflexion ?

Un premier élément d’explication peut être trouvé dans la diminution du nombre d’emplois aidés qui commence à se manifester en 2016 et qui s’accentue ensuite du fait des décisions gouvernementales de réduction en la matière. Ainsi, après avoir sensiblement augmenté de 2010 à 2015, passant de 8,7 % à 13,4 %, la part de l’emploi aidé dans l’emploi associatif chute à 8,8 % en 2019.

Mais si ce facteur a joué un rôle manifestement important, il ne suffit pas à rendre totalement compte du retournement de tendance noté plus haut. Car dans le même temps, la part de l’emploi ordinaire associatif (c’est-à-dire l’emploi total moins l’emploi aidé, l’apprentissage et les stages) dans l’emploi ordinaire privé connaît également un tassement : à peu près stable autour de 9 % jusqu’en 2017, cette part recule à 8,7 % en 2019 pour le nombre d’emplois.

En ce qui concerne le volume horaire rémunéré, sa part varie de manière moins sensible puisqu’elle passe de 8,4 % en 2016 à 8,2 % en 2019. La plupart des domaines d’activité connaissent le même type d’évolution à l’exception des loisirs où l’emploi associatif a en 2019 un poids supérieur à celui de 2010 dans l’emploi privé de ce domaine.

Le social et médico-social domine l’emploi associatif

Comment se répartit l’emploi associatif par domaine d’activité et comment évolue cette répartition sur la décennie 2010 ?

Les domaines d’activité retenus sont d’importance très inégale et une rubrique résiduelle (autres activités ou non classées) a été constituée pour y inclure des activités très diverses. Cette rubrique inclut notamment les associations dont le code APE est 94.99 (activités des organisations associatives non classées par ailleurs).

Les modifications des parts de chaque domaine traduisent l’inégal dynamisme de leur emploi au cours de la décennie. Un premier constat s’impose : en 2010 comme en 2019, le domaine du social et médico-social représente approximativement la moitié de l’emploi du secteur associatif. Il est suivi de l’enseignement-formation et de la santé. À eux trois, ces domaines mobilisent les ⅔ du nombre d’emplois et 70 % de son volume horaire. Il faut toutefois noter que la part de la santé et de l’enseignement-formation a fléchi sur la décennie ce qui traduit une augmentation de leur emploi inférieure à celle du secteur associatif dans son entier. Ainsi, alors que le nombre d’emploi dans l’ensemble du secteur a augmenté de 12,3 % sur 10 ans, la croissance n’a été que de 7,1 % dans la santé et de 3,3 % dans l’enseignement.

En ce qui concerne le social et médicosocial, la situation est plus contrastée puisque sa part augmente (très faiblement il est vrai) en termes de nombre d’emplois mais diminue légèrement en ce qui concerne les volumes horaires. Pour les autres domaines, les loisirs et le domaine très composite des autres activités sont les seuls à voir leurs parts augmenter tandis que celles des autres domaines reculent.

L’Île-de-France, première région pour l’emploi associatif

Le même type d’examen que précédemment peut être réalisé pour la répartition régionale de l’emploi. La comparaison entre 2010 et 2019 est quelque peu perturbée par le redécoupage des régions survenu au cours de cette période. Pour raisonner sur un périmètre constant, c’est l’organisation issue de la loi d’août 2015 qui a été retenue. L’Île-de-France est la région qui concentre le plus d’emplois associatifs, devant l’Auvergne – Rhône-Alpes.

Plus de 3 emplois associatifs sur 10 sont localisés dans ces deux régions. Mais leur part a baissé sur la décennie ce qui s’explique par un taux de croissance de l’emploi associatif dans ces régions inférieur à celui du secteur dans l’ensemble du pays. Au contraire, la part de régions comme la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine, les Pays de la Loire, l’Occitanie ou la Corse, augmente de 2010 à 2019 du fait d’une progression de l’emploi associatif supérieure, voire très supérieure, à la moyenne nationale.

Des salariés vieillissants

Les salariés qui occupent les emplois associatifs sont très majoritairement des femmes, leurs proportions demeurant sensiblement les mêmes en 2010 et 2019. En revanche la structure par âge se déforme dans le sens d’un vieillissement. La part des plus de 55 ans passe de 12,3 % au début de la décennie à 16,4 % en 2019 tandis que la part des plus jeunes (jusqu’à 25 ans) diminue de 11,2 % à 10,3 %.

Les âges moyen et médian qui étaient de 41 ans en 2010 ont augmenté d’un an en 2019.

À cette date, l’âge moyen des salariés associatifs est supérieur de 2,7 années à celui de leurs homologues du privé hors associations et leur âge médian plus élevé de 3 ans.

L’emploi associatif dans la crise sanitaire

La décennie 2020 commence par une grave crise sanitaire aux effets multiples qui n’épargnent pas l’emploi. A cet égard, l’impact sur les associations, pourtant réel, a été moins rude que sur le reste du secteur privé. Le nombre d’emplois y a reculé de 2,4 % par rapport à 2019, mais de 4,3 % dans le privé non associatif. Le volume horaire des heures rémunérées a baissé de 3,8 % dans les associations contre 7,6 % dans le privé hors associations. La raison de ces écarts entre les deux secteurs tient essentiellement aux différences dans la répartition de leurs salariés respectifs par domaine d’activité. Il a été souligné plus haut que les parts du social-médico-social et de la santé sont importantes dans l’emploi associatif et bien supérieures à ce qu’elles sont dans le reste du secteur privé. Or l’emploi dans ces deux domaines a été moins affecté par la crise que ne l’ont été des activités comme celles relevant de l’industrie, du transport ou de la construction, lesquelles sont absentes du secteur associatif sauf exceptions rarissimes.

Est-ce à dire qu’il n’y a pas eu certains salariés associatifs fortement affectés ?

Certes non. Ceux des activités culturelles, sportives, de loisirs ou de l’hébergement-restauration ont été particulièrement touchés par la crise sanitaire en 2020. Dans ces domaines le nombre d’emplois, les heures rémunérées et les salaires bruts y ont connu une chute importante. Mais si le rôle que les associations jouent dans ces activités est souvent très appréciable dans l’animation du tissu social local, leur part cumulée dans l’emploi du secteur reste modeste.

Puisque l’emploi du secteur privé hors associations a globalement plus pâti de la crise sanitaire que celui des associations, la part de l’emploi associatif dans l’emploi privé total s’est logiquement redressée en 2020. De 9,2 % en 2019, elle est passée à 9,4 % et de 8,6 % à 9 % pour les volumes horaires.

Ce redressement est-il une simple parenthèse ?

L’examen des données pour les années suivantes, qui ne seront disponibles aux chercheurs qu’avec un certain délai, devrait permettre de répondre à cette question.

Bon à savoir

Le paysage associatif français

Les résultats complets sont disponibles dans l’ouvrage de Lionel Prouteau et Viviane Tchernonog – Le paysage associatif français – Mesures et évolutions – Éditions Dalloz Lefebvre - Août 2023.

Avec la production de 164 tableaux, 88 graphiques et 29 cartes sur les associations, cette édition demeure le seul état statistique complet des associations en France, dépeint à partie d’un travail scientifique de près de deux ans.

Pour mieux appréhender le poids du secteur associatif, Le Paysage associatif français offre un recueil de données uniques et indispensables aux acteurs associatifs et à leurs partenaires publics et privés.

Auteurs

Viviane Tchernonog - Centre d’Économie de la Sorbonne
Lionel Prouteau - Laboratoire d’économie et de management de Loire Atlantique