Céline Bray, est chargée de projets à la Maam, avec pour missions en particulier :
- la valorisation des associations du territoire d’Amiens Métropole via la coordination du salon des associations ;
- l’accompagnement des associations dans leurs recherches de financements, dans la structuration et la présentation aux partenaires de leurs projets, et dans l’organisation de leurs évènements ;
- l’animation de la démarche TESTA (Transition Ecologique et Travail dans les Associations).
Elle nous présente la Maison des associations, ses actions, son expérience ainsi que son engagement et son rayonnement dans la dynamique collaborative.
Pouvez-vous présenter brièvement la Maam ainsi que son public cible ?
La Maison des associations d'Amiens Métropole (Maam) permet aux associations, aux porteurs de projets et au grand public d’être accueillis, orientés et accompagnés dans leurs recherches de bénévolat, d’associations, dans la création, la structuration et le développement de projets associatifs. Tout ceci via un espace d’accueil, des informations, des outils, des temps forts, et des formations en présentiel et à distance.
Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez engagé votre organisation dans une démarche de collaboration ? À quel(s) défi(s) étiez-vous confrontés et que vous ne pouviez résoudre seul ?
On distingue plusieurs étapes et niveaux de collaboration de la Maam :
2010 - 2014 : collaborations « provoquées »
Le défi était le besoin de sensibiliser à une thématique par la collaboration d’un maximum d’associations œuvrant autour de cette même thématique.
2012 - 2016 : collaborations encouragées
Depuis que l’association est une maison des associations, elle encourage, via ses accompagnements, les associations du territoire d’Amiens Métropole à coopérer pour répondre à plusieurs défis interdépendants :
- Défi territorial ou besoin de cohérence territoriale : autrement dit, éviter d’être dans des logiques concurrentielles et privilégier une complémentarité et/ou un co-portage des projets ;
- Défi économique : économies via les mutualisations humaines, financières, matérielles ;
- Défi d’innovation et de diversité : besoin de rendre les projets attractifs par des actions, nourries, dynamisées, enrichies grâce à une collaboration pluri-acteurs ;
- Défi écologique : mutualisation des transports, de l’énergie, du matériel.
2017 : collaborations facilitées
En 2017, la Maam constate une recrudescence de projets autour de la question alimentaire. Cette thématique implique que les porteurs de projets soient reliés (producteurs, AMAPs, conserveries, épiceries solidaires, associations anti-gaspi, de lutte contre la précarité alimentaire, d’insertion par la cuisine).
Ces projets émergeants étaient motivés par la volonté d’acteurs locaux de profiter de la taille moyenne de notre territoire - de tradition maraichère - pour en faire une terre autonome. Avec en parallèle, des défis sanitaires, sociaux et écologique : accès à une alimentation saine locale pour tous, apprentissage de la cuisine, sur un territoire relativement précaire. La Maam était le réceptacle de nombreuses idées de projets alimentaires. Elle a donc souhaité réunir les porteurs de projets qui avaient besoin les uns des autres pour pouvoir développer leurs projets.
2024 : mutualisation et co-construction
Si la Maam avait « dans son ADN » d’encourager les collaborations, elle s’est elle-même engagée plus concrètement dans des collaborations en 2024, pour répondre essentiellement à deux défis :
- Défi de cohérence territoriale dans les accompagnements autour du mécénat ;
- Défi écologique et solidaire : nécessité d’avancer davantage sur la question la mutualisation avec les associations locales.
Comment avez-vous concrètement mis en œuvre les collaborations, pour combler quel(s) manque(s) et avec quels acteurs ?
Nous avons « provoqué » les collaborations en réunissant toutes les associations de soutien aux femmes et de lutte contre les violences faites aux femmes chaque année en novembre, pour que la sensibilisation soit visible et l’action (interventions dans les établissements scolaires) plus impactante.
Nous avons encouragé et encourageons encore les collaborations par :
- La veille, l’écoute des porteurs de projets, le partage d’informations ;
- La mise en place d’outils pour faire du lien entre les associations (« Guide Evènementiel » recensant les associations prestataires sur le territoire - ce guide est en cours de mise à jour bientôt disponible sur maam.fr -) ;
- Le partenariat, de 2012 à 2017, avec la Fondation SNCF et le réseau des maisons des associations, qui a permis d’accompagner les associations (via l’appel à projets Vivre ensemble avec nos différences) à mener à bien des projets interassociatifs ;
- L’organisation de rencontres et d’ateliers entres associations sur des thématiques prédéterminées : l’action « Dire le non-visuel » de 2011 à 2016 a impliqué que toutes les associations œuvrant sur le thème du handicap visuel à Amiens collaborent un minimum. Les « Blablassos », qui existent toujours, sont de précieux temps de rencontres qui encouragent les collaborations.
Nous facilitons les collaborations par l’animation de dynamiques collectives (au-delà de la mise en lien). Ainsi, en 2017 - 2018, nous avons rassemblé à plusieurs reprises des associations œuvrant dans le champ de l’alimentation. Cette démarche nommée « Qu’est ce qui se mijote ? » a permis aux associations d’être accompagnées d’une facilitatrice de la Maam, pour faire ressortir des objectifs communs et des collaborations.
Aujourd’hui, la Maam propose nouvellement une formation sur les dynamiques collectives.
Depuis 2024, la Maam co-construit un temps fort autour du mécénat (précédemment organisé en solo). Le « Carrefour des Experts et Mécènes » a été organisé avec d’autres acteurs de l’accompagnement sur le territoire (la Cress et Katalyze).
Elle est également partie prenante d’un « réseau des acteurs de l’accompagnement 80 » de l’Economie Sociale et Solidaire dans la Somme, qui assure un suivi régulier de différents projets pour « ne pas faire doublon » et toujours pour répondre à ce défi de cohérence territoriale.
Enfin, dans le cadre de l’animation de la démarche TESTA, la Maam engage une réflexion autour de la mutualisation. Elle s’est récemment associée à un groupe de travail sur l’économie de la fonctionnalité et de la coopération.
Quels bénéfices en avez-vous tirés ?
Aujourd’hui les acteurs de l’économie sociale et solidaire investis pour un territoire nourricier se connaissent et se reconnaissent. Une dynamique s’installe à petits pas autour de la question alimentaire. Pas seulement grâce à la Maam évidemment ! Mais en toute modestie, nous avons contribué à leur mise en réseau !
Les porteurs de projets ont davantage le réflexe de passer par la Maam pour être mis en lien avec les bonnes personnes.
Le Guide de l’évènementiel mis à jour rassemble une soixantaine d’associations prêtes à collaborer pour l’organisation d’évènements associatifs à Amiens Métropole.
Nous aimerions faire collaborer les associations du territoire autour de la Transition écologique et solidaire.
Ce qui est certain, c’est que la réussite sur le long terme de collaborations interassociatives requiert du temps et de la mobilisation, voire une aide à la structuration et à l’organisation. L’idéal est de pouvoir identifier une ou plusieurs personnes (en interne ou neutres) chargées de faciliter et d’animer la dynamique.
La question de la mutualisation reste complexe. Comment partager des locaux qui sont mis à disposition, dont on ne maîtrise pas l’isolement, les dépenses énergétiques, les horaires d’ouverture. Comment l’assurance prend en charge un véhicule partagé ? Qui supporte les responsabilités ? Qui stocke ? Un vrai chantier est à mener autour de ces questions !
Pouvez-vous nous dire comment l’accompagnement du site Associatheque.fr du Crédit Mutuel vous aide au quotidien dans l’animation de votre association ? : Le Quizz sur les responsabilités est très bien fait, comme d’autres outils que j’utilise régulièrement pour renseigner les associations ! J’y fais référence dans notre bulletin d’information mensuel « Feuille de lierre ».
Je consulte régulièrement la rubrique Actualités car je la sais fiable et mise à jour.