Viviane Tchernonog – Centre d’économie de la Sorbonne – Partenaire d'Associathèque

Analyses et mesures de l’activité des associations : de fortes convergences

L’INSEE vient de rendre publics dans Insee Première 1 les résultats de la première enquête conduite par la statistique publique couvrant l’ensemble du champ des associations. Cette enquête est la conséquence d’une des recommandations essentielles du rapport Connaissance des associations du CNISabbr> 2. Jusque-là, une grande partie des données disponibles sur le secteur associatif étaient construites à partir des enquêtes « Paysage associatif » conduites périodiquement par le Centre d’économie de la Sorbonne 3. Les enquêtes du CES ont permis de disposer dans les deux dernières décennies d’informations de cadrage sur le secteur associatif et sur ses grandes évolutions. Il est important aujourd’hui de pouvoir apprécier et analyser les informations ainsi produites, qui ont été très utilisées, à la lumière des résultats que vient d’apporter l’enquête de l’INSEE.

Des objectifs partagés et des méthodologies différentes

Des objectifs partagés

Les deux enquêtes visaient les mêmes objectifs malgré quelques nuances : elles ont toutes deux eu pour objectif principal de produire des indications de cadrage concernant le secteur associatif en matière de modes d’action et d’intervention, de financements, de travail salarié et bénévole. Les deux enquêtes ont chacune été conduites dans le contexte institutionnel qui est le leur, celui de la statistique publique pour l’enquête de l’INSEE, celui d’un travail universitaire pour l’enquête du CES, avec des méthodologies liées à ces contextes institutionnels différents.

Des méthodologies différentes

Les enquêtes du CES ont été organisées à partir des communes : les mairies ont servi de relais pour contacter les associations et leur envoyer le questionnaire qui devait être retourné au CES. Les enquêtes du CES ont été tributaires des capacités des mairies à identifier sur leur territoire les associations contribuant à la vie associative locale, qui se sont considérablement améliorées au fil des enquêtes. La participation des communes comme celle des associations à la démarche de connaissance du secteur associatif initiée par le CES reposait sur le volontariat. Le nombre d’associations touchées par les mairies n’est pas connu, mais près de 9 000 associations ont participé à la dernière enquête du CES de 2012, et au final l’analyse a porté sur un échantillon 7 609 associations parmi lesquelles 2 125 employeuses et 5 484 sans salarié.

La base de sondage de l’enquête INSEE provient des associations des répertoires Sirene et RNA (Répertoire National des Associations) ayant eu au moins une journée d’existence en 2014. L’enquête conduite par l’INSEE avait un caractère obligatoire. Le questionnaire de l’INSEE a été envoyé à 34 400 associations. 18 550 associations ont participé à l’enquête de l’INSEE, se répartissant entre 6 130 associations sans salarié et 12 420 employeuses.

Les questionnaires

Les enquêtes du CES ont été organisées sur la base d’un questionnaire unique adressé à toutes les associations. L’INSEE a utilisé deux questionnaires : un questionnaire simplifié destiné aux associations sans salarié et un questionnaire détaillé destiné aux associations employeuses. Le questionnaire détaillé de l’enquête INSEE est très proche, sur un grand nombre de questions, de celui utilisé dans la dernière enquête du CES conduite en 2012, et de nombreuses questions ont été formulées dans les mêmes termes ou de façon très proche, ce qui favorise les comparaisons. Le questionnaire de l’enquête INSEE, s’il n’a pas repris les questions portant notamment sur le profil et les trajectoires des dirigeants, a été enrichi à différents niveaux.

Le principe d’une grille de 54 secteurs d’activité détaillés de l’enquête CES, permettant d’appréhender le plus finement possible l’activité des associations pour les regrouper ensuite, a été repris dans l’enquête INSEE qui a proposé une liste plus détaillée de 64 secteurs d’activité, plus proche de la nomenclature NAF, proposant notamment une distinction selon le critère de l’hébergement des associations du domaine social et médico-social. La prise en compte de ce critère a permis à l’INSEE de distinguer trois sous-secteurs dans sa présentation des résultats : celui de la santé, celui de l’hébergement social ou médicosocial et celui de l’action sociale, action humanitaire et caritative qui sont, compte tenu des effectifs, regroupés dans l’enquête du CES, dans un seul secteur. Même si ces quelques différences, auxquelles on peut ajouter des modalités différentes de catégorisation dans les grands secteurs d’activité entre les deux enquêtes, peuvent avoir, à la marge une influence sur les résultats observés, le regroupement des secteurs d’activités fins en grands secteurs d’activité aboutit à des catégories très comparables entre les deux enquêtes.

1 Lise Reynaert et Aurélien d’Isanto, « Neuf associations sur dix fonctionnent sans salarié », Insee Première n° 1587, Mars 2016

2 Edith Archambault, Jérôme Accardo, Brahim Laouisset, « Connaissance des associations », Rapport du groupe de travail CNIS, n° 122, Décembre 2010

3 Enquêtes conduites en 1991, 2001, 2006 et 2012) par le Laboratoire d’économie sociale et le laboratoire Matisse, unités recherche CNRS – Université Paris  1, qui ont été en partie à l’origine de la création du Centre d’économie de la Sorbonne (Unité mixte de recherche 8595 CNRS Université Paris 1), au sein duquel a été conduite la dernière enquête « Paysage associatif ».